Après quatre ans d'inactivité, le Tueur reprend du service. Comme d'habitude il ne sait grand chose de ses commanditaires, et il ne cherche pas à en savoir plus. Il exécute. Un courtier international en pétrole, dont il maquille l'assassinat en suicide, et un sous-directeur de la banque nationale vénézuelienne, qu'il renverse dans la circulation dense de Caracas. Mais quand il apprend le nom de la troisième cible de la liste, voici le Tueur avec un cas de conscience sur les bras : va-t-il devoir éliminer froidement Madre Luisa, la plus célèbres des religieuses du moment, idole des pauvres de toute l'Amérique hispanique ? Une femme dont toute la vie a été consacrée à faire le bien, au contraire des victimes habituelles du Tueur ? C'est en général quand il commence à se poser ces questions que les ennuis commencent pour lui...
On retrouve dans ce nouveau cycle du personnage de Jacamon et Matz tout ce qui a fait l'intérêt et le succès de la série : un personnage de tueur à gages beaucoup plus complexe que son statut ne le laisse présager, et nettement moins cynique qu'il n'y paraît au premier contact. Voici un homme lettré, qui laisse son esprit vagabonder du côté de Gabriel Garcia Marquez ou d'Octavio Paz, quand il ne prend pas un Thé en Amazonie avec Chavarria : résultat, ses introspections n'en sont que plus profondes, et ses pensées, en voix off dans l'histoire laissent la place pour un minimum d'humanité chez cet homme qui a délibérément choisi son « métier » pour échapper au quotidien morne et sans avenir de ses semblables. Faut-il l'approuver ? Le scénario de Matz nous laisse seul juge. Jacamon quant à lui opte toujours pour la mise en scène de grandes cases où la lumière vénézulienne, de la ville comme de la jungle, est consatamment présente. Le retour du Tueur est une très bonne nouvelle, et cette série une des meilleures de la collection Ligne Rouge.
Le Tueur, tome 6 - Modus vivendi
Scénario Matz et dessin Luc Jacamon
Casterman, 2007 - Collection Ligne Rouge - 56 pages couleur (9,80 €)
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°44, décembre 2007]
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