Daniel Picouly avait, dans sa nouvelle « Tête de nègre », parue initialement dans les suppléments Libération en hommage à la Série Noire, repris les personnages chers à Chester Himes, Ed Cercueil et Fossoyeur Jones. L’originalité de ce court roman était de plonger les citoyens Edmond et Jonas– noirs de peau, fidélité oblige – dans le Paris de 1792, en pleine Terreur révolutionnaire et de les lancer dans une chasse au trésor aussi mouvementée qu’improbable, puisqu’il s’agissait de remettre la main sur une tête de guillotiné, et de la ramener à sa famille. Jürg en avait réalisé une bonne adaptation, en 2002, restituant bien l’atmosphère délirante du texte original. Cinq ans plus tard, les deux acolytes sont de retour, sur un scénario inédit cette fois-ci, et cette suite est tout simplement excellente, supérieure même à l’épisode précédent. Cela tient à la fois à la grande qualité de l’histoire de Picouly, qui exploite au mieux le très grand potentiel de ses deux personnages principaux et au dessin de Jürg, qui a nettement progressé entre les deux tomes. Alors, dans quelle galère le duo est-il cette fois embarqué ? Voyons plutôt.
Sitôt débarrassés de la tête convoitée par le méchant du premier tome, Delorme, Cercueil et Fossoyeur sont capturés par celui-ci, qui n’a pas vraiment apprécié de se faire coiffer sur le fille dans la quête de la tête. Delorme, qui règne en maître absolu sur le quartier de Haarlem, leur propose un deal difficile à refuser : leur liberté, et celle de la tenancière de la « Gamelle de la Révolution » - accorte veuve avec qui Jones aurait quelques affinités - contre leur participation active dans le vol des trois plus beaux diamants du monde, conservés sous haute surveillance au Garde Meuble National… Coincés, Ed et Jonas, acceptent et se mettent au travail, vite rejoints dans leurs efforts pour percer les secrets de la chambre forte aux diamants par un inventeur américain un peu loufoque et par le marquis de Beaumarchais en personne, prié de lâcher la plume quelques temps pour faire étalage de sa science des mécanismes horlogers. A ce quatuor hétéroclite vient s’adjoindre un intrépide gamin de la rue qui fera office ce cocher. L’équipe ainsi constituée peut s’attaquer au plus audacieux des vols de l’ère Révolutionnaire…
Plus encore que dans le premier volume, Picouly s’en donne à cœur joie du côté des clins d’œil en tous genres, jouant à fond la carte de l’humour décalé. Mais au-delà de situations anachroniques et des allusions littéraires – au final savamment distillées - c’est la richesse de chacun de ses personnages secondaires qui étonne. En soignant tous les seconds rôles de son histoire, Picouly donne une consistance à l’ensemble de son histoire, pour laquelle, et c’est l’autre grand bonheur de cet album, il a écrit des dialogues vifs, drôles et percutants. Quant à Jürg, son trait s’affine d’album en album, et les petites imperfections de son dessin disparaissent petit à petit, notamment dans les visages de ses personnages qu’il dessine de mieux en mieux. Surtout, il a parfaitement réussi à mettre en images les idées délirantes de son scénariste, s’autorisant parfois des cadrages accentuant les effets comiques de certaines scènes (celle où Delorme explique son plan sur une maquette géante est particulièrment réussie). Ajoutez à tout cela que les couleurs (de Fabrice Lavollay), moins sombres que dans le premier volume, donnent une grande lisibilité à cet album, vous l’aurez compris, cette suite à « Tête de Nègre » doit rejoindre votre bibliothèque. En attendant la troisième aventure, qu’on espère aussi haute en couleurs.
Sitôt débarrassés de la tête convoitée par le méchant du premier tome, Delorme, Cercueil et Fossoyeur sont capturés par celui-ci, qui n’a pas vraiment apprécié de se faire coiffer sur le fille dans la quête de la tête. Delorme, qui règne en maître absolu sur le quartier de Haarlem, leur propose un deal difficile à refuser : leur liberté, et celle de la tenancière de la « Gamelle de la Révolution » - accorte veuve avec qui Jones aurait quelques affinités - contre leur participation active dans le vol des trois plus beaux diamants du monde, conservés sous haute surveillance au Garde Meuble National… Coincés, Ed et Jonas, acceptent et se mettent au travail, vite rejoints dans leurs efforts pour percer les secrets de la chambre forte aux diamants par un inventeur américain un peu loufoque et par le marquis de Beaumarchais en personne, prié de lâcher la plume quelques temps pour faire étalage de sa science des mécanismes horlogers. A ce quatuor hétéroclite vient s’adjoindre un intrépide gamin de la rue qui fera office ce cocher. L’équipe ainsi constituée peut s’attaquer au plus audacieux des vols de l’ère Révolutionnaire…
Plus encore que dans le premier volume, Picouly s’en donne à cœur joie du côté des clins d’œil en tous genres, jouant à fond la carte de l’humour décalé. Mais au-delà de situations anachroniques et des allusions littéraires – au final savamment distillées - c’est la richesse de chacun de ses personnages secondaires qui étonne. En soignant tous les seconds rôles de son histoire, Picouly donne une consistance à l’ensemble de son histoire, pour laquelle, et c’est l’autre grand bonheur de cet album, il a écrit des dialogues vifs, drôles et percutants. Quant à Jürg, son trait s’affine d’album en album, et les petites imperfections de son dessin disparaissent petit à petit, notamment dans les visages de ses personnages qu’il dessine de mieux en mieux. Surtout, il a parfaitement réussi à mettre en images les idées délirantes de son scénariste, s’autorisant parfois des cadrages accentuant les effets comiques de certaines scènes (celle où Delorme explique son plan sur une maquette géante est particulièrment réussie). Ajoutez à tout cela que les couleurs (de Fabrice Lavollay), moins sombres que dans le premier volume, donnent une grande lisibilité à cet album, vous l’aurez compris, cette suite à « Tête de Nègre » doit rejoindre votre bibliothèque. En attendant la troisième aventure, qu’on espère aussi haute en couleurs.
Tête de nègre, tome 2 - Le casse du siècle
Scénario Daniel Picouly et dessin Jürg
EP, 2007. – 48 p. coul. – Collection Trilogies – 13,50 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°42 - Juin 2007]
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