Jetés sur les routes par la misère, fuyant un malheur qui s’abat un peu plus fort sur les plus faibles, les huit membres de la famille Cry s’intègrent à un convoi de déshérités, à bord du seul bien qui leur reste, un vieux pick-up qui peine à les accueillir tous. Leur destination : l’Ouest, loin de cette Caroline du Nord que l’année 1930 n’a pas épargné, et les promesses d’un nouveau départ. Mais le sort s’acharne, quand une mort atroce vient frapper l’une des rares riches femmes du convoi, et qu’au fil de kilomètres âprement grignotés, d’autres cadavres font office de bornes kilométriques. Le FBI ne va pas tarder à entrer en piste et remonter jusqu’à Milton, simplet à la force colossale et Billy, son frère habité d’une haine inextinguible depuis qu’on lui a broyé la main sept ans auparavant. La famille Cry est loin d’être au bout de ses peines…
Féjard et Ricard concluent ce dyptique comme ils l’avaient entamé : dans le sang et dans les larmes, abandonnant en chemin toute idée d’avenir pour leurs personnages. Et au-delà de l’extrême précarité de la famille, en choisissant de placer les manipulations de Billy l’infirme sur Milton son frère arriéré au cœur de leur intrigue, les auteurs accentuent la noirceur de cet album. Et toute la cruauté de cette histoire, pleine d’une tension sourde, est renforcée par les traits anguleux des personnages, leurs visages émaciés et les couleurs ternes s’étalant au fil des pages et des paysages. Nature hostile, faim, violence : on cherchera en vain la trace d’un sourire, d’un espoir dans « Les Rêves de Milton ». Cet album au souffle rauque, véritable roman noir graphique – pour une fois l’appellation est légitime - est certainement l’un des meilleurs de cette fin d’année 2006.
Féjard et Ricard concluent ce dyptique comme ils l’avaient entamé : dans le sang et dans les larmes, abandonnant en chemin toute idée d’avenir pour leurs personnages. Et au-delà de l’extrême précarité de la famille, en choisissant de placer les manipulations de Billy l’infirme sur Milton son frère arriéré au cœur de leur intrigue, les auteurs accentuent la noirceur de cet album. Et toute la cruauté de cette histoire, pleine d’une tension sourde, est renforcée par les traits anguleux des personnages, leurs visages émaciés et les couleurs ternes s’étalant au fil des pages et des paysages. Nature hostile, faim, violence : on cherchera en vain la trace d’un sourire, d’un espoir dans « Les Rêves de Milton ». Cet album au souffle rauque, véritable roman noir graphique – pour une fois l’appellation est légitime - est certainement l’un des meilleurs de cette fin d’année 2006.
Les Rêves de Milton (tomes 1 et 2)
Scénario Frédéric Féjard, Sylvain Ricard et dessin Maël
Dupuis, 2005-2006. – Collection Aire Libre – 72 p. coul. – 14 €
[Chronique parue dans l'Ours Polar n°40, décembre 2006]
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